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ENCYCLOPEDIE DES SAVOIR-FAIRE EKANG - ENSAFE

Steeve Nguema, un Oyemois très investi dans des projets en Afrique

Steeve Nguema

Steeve Nguema, Gabonais résidant en France est un Ingénieur intégrateur multimédia qui a créé un Collectif dénommé « Ma Ville Que J’aime », afin de regrouper les ressortissants de la ville d’Oyem dans le monde et mettre en place des projets culturels mais aussi professionnels à l’échelle du Gabon et de l’Afrique centrale. Dans les lignes qui vont suivre, vous découvrirez un passionné de l’Afrique et des nouvelles technologies qu’il souhaite utiliser dans le but de participer au développement de sa ville natale et de son pays.

Mbolo !

Qui est Steeve NGUEMA et d’où vient-il?

Je suis Fang du Gabon originaire de la province du Woleu-Ntem et de la ville d’Oyem. Je suis du clan Essangui d’Assock Medzeng de la famille Mengwa Essangui Ovono Mezeme.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel ?

Je suis Steeve Nguema, un ingénieur intégrateur multimédia passionné par la communication audiovisuelle, la narration visuelle. Mon voyage dans ce domaine fascinant a commencé il y a plus de 10 ans, marqué par une quête constante d’innovation et de créativité.

J’ai obtenu mon BAC Scientifique de la série C au Lycée National Léon Mba de Libreville, au Gabon. Boursier Gabonais, j’ai obtenu une Licence Professionnelle en Réalisation Audiovisuelle et Design Sonore à l’Université de Clermont-Ferrand, plongeant dans l’univers captivant de l’image et du son. J’ai ensuite décroché un Master en Production et Réalisation Audiovisuelle à SUP DE PUB – Paris, où j’ai acquis une vision complète de la publicité, du Brand Content et du court-métrage.

Professionnellement, mon parcours a été tout aussi riche et varié. À la MAIF à Niort, en tant que Réalisateur Concepteur. Ensuite, chez Sciences Po Grenoble, j’ai occupé le poste de Chargé de Projet Vidéo. Aujourd’hui, je suis Ingénieur Intégrateur Multimédia à l’Université de Tours, où je dirige la Cellule de Production Multimédia du CAPE (Pôle d’Accompagnement à la Pédagogie pour les Enseignants). Je coordonne une équipe de techniciens audiovisuel et de concepteurs multimédia, gérant les scénarios pédagogiques, les plannings de tournage, et la communication.

En dehors du travail, je suis passionné par la culture et les traditions africaine et ma culture en particulier mais aussi par ma famille, les arts visuels, le digital, les voyages et la lecture. Avec un profond amour pour mon pays, le Gabon, je suis déterminé à être un acteur clé dans son renouveau, en me concentrant sur l’essor du numérique, inspiré par des pays comme le Kenya, le Ghana, le Nigeria, le Rwanda et l’Afrique du Sud.

Steeve Nguema Obame

Steeve Nguema, après près de 18 ans en France, que vous reste-t-il d’Ekang ?

Après avoir passé précisément 18 ans et 5 mois en France, mon identité et mon essence Ekang restent intactes et profondément ancrées en moi. Bien que la distance géographique soit notable, ma connexion avec mes racines au Gabon reste inébranlable. En effet, mes visites régulières – 15 séjours en presque 19 ans, chacun durant en moyenne un mois et demi – témoignent de mon attachement indéfectible à mon pays d’origine, malgré les coûts significatifs de ces voyages. Pour moi, l’amour de ma culture transcende toutes les considérations matérielles.

Dans cet esprit, j’ai initié la création d’une association « Collectif Ma Ville Que J’aime » dédiée à la promotion et à la préservation de la culture et des traditions locales du Gabon. Ce projet vise non seulement à célébrer notre riche patrimoine, mais aussi à sensibiliser la jeune génération à l’importance d’une identité culturelle forte. Il s’agit d’un effort pour leur inculquer une compréhension profonde de leurs origines et de leur héritage.

Selon vous, quelle est la particularité de la culture Fang ?

La culture Fang, à l’instar de nombreuses cultures africaines, se distingue par sa nature profondément orale. Cette caractéristique n’est pas simplement un trait distinctif ; elle est le fondement même de la transmission et de la préservation de notre riche héritage à travers les générations. Ce qui est véritablement remarquable, c’est la manière dont notre culture et nos traditions ont été transmises de génération en génération, malgré son caractère oral. Cela a été rendu possible grâce aux conteurs, gardiens du MVET, et aux récits de nos grands-parents, véritables piliers de la mémoire collective.

Je me considère comme un ‘mwane a minômes’, ou ‘l’enfant des sages’, dans la tradition Fang. Cette appellation reflète mon expérience unique d’avoir été élevé par des figures anciennes et respectées de ma communauté, telles que mon arrière-grand-mère, ma grand-mère, et des oncles maternels. Ils m’ont initié à la culture Fang dès mon plus jeune âge, m’enseignant les valeurs, les traditions, et les arts de notre peuple. Par exemple, j’ai été batteur dans la danse traditionnelle ‘Mengane’ dès l’âge de 8 ans, et j’ai participé à des groupes de danse familiaux durant les années 90.

Ces expériences s’étendent au-delà de la danse et de la musique. J’ai passé des semaines dans la brousse avec ma grand-mère Andeme Ndong Marie, apprenant les cycles de vie et les rituels associés aux récoltes d’arachides et de maïs. Ces moments passés autour du feu, écoutant les contes et légendes ‘Menganes’, ne sont pas pour moi de simples souvenirs ; ils sont le cœur vivant de notre culture.

En tant que Fang, nous sommes fiers de notre culture et n’hésitons pas à l’affirmer haut et fort. Cette fierté est parfois mal comprise ou mal interprétée, notamment lorsque nous choisissons de parler notre langue ou de privilégier les mets traditionnels. Cependant, cette affirmation est essentielle pour maintenir l’identité et la continuité de notre culture dans un monde en constante évolution.

En juillet dernier, vous vous êtes rendu au Gabon afin de dispenser une formation professionnelle aux jeunes de Libreville intitulée « Filmer comme un Pro avec son smartphone », pourquoi avez-vous choisi cette thématique ?

La thématique de la formation « Filmer comme un Pro avec son smartphone » au Gabon en juillet dernier découle de plusieurs motivations importantes. Tout d’abord, il est essentiel de noter que cette initiative visait à offrir aux jeunes Gabonais.es une opportunité de formation unique dans un domaine en pleine croissance : la production de contenu visuel à l’aide d’outils accessibles et démocratisés tels que les smartphones.

Steeve Nguema Obame

En tant que professionnel de l’image avec une expérience de plus de dix ans, j’ai ressenti la responsabilité de partager mes connaissances et mon expertise avec la jeunesse. Mon objectif était de les doter des compétences nécessaires pour créer du contenu de haute qualité. Les smartphones ont évolué de manière significative en ce qui concerne la qualité de la prise de vue, offrant désormais la possibilité de produire du contenu diffusable sur diverses plateformes, y compris les réseaux sociaux et même la télévision.

Le succès de cette formation a été manifeste, avec la couverture de l’événement par la première chaîne de télévision gabonaise, démontrant ainsi l’intérêt de cette initiative pour le public local. En conséquence, j’ai été sollicité pour animer d’autres sessions de formation au Gabon en juillet et août prochain, ce qui témoigne de la demande croissante de formation dans ce domaine.

De plus, cette expérience positive a également suscité l’intérêt du Cameroun, où un projet similaire est en cours de développement et devrait se concrétiser rapidement.

Pour finir, que pensez-vous de l’union des Ekang du Gabon, du Cameroun et de la Guinée-Equatoriale ?

Les Ekang, peuple intrinsèquement solidaire, transcendent les frontières nationales imposées par l’histoire. Originaires du Gabon, du Cameroun, de Guinée Equatoriale, mais également présents à Sao-Tomé et au Congo, notre peuple partage un lien profond, ancré dans une solidarité naturelle et une fierté identitaire. Cette identité s’exprime à travers une richesse culturelle éclatante, qui se manifeste diversement mais avec égale intensité dans chaque région où nous sommes établis.

Notre unité, bien que souvent mise à l’épreuve par les divisions politiques et géographiques, ne faiblit pas. Elle est le socle sur lequel nous bâtissons notre avenir commun. Dans un monde en constante évolution, où traditions et modernité se côtoient, nous les Ekang avons réussi jusqu’à présent à préserver notre héritage culturel unique. Cependant, le défi persiste : il nous faut continuer à lutter pour ne pas laisser s’éroder nos traditions face aux vagues de la mondialisation.

Je suis fermement convaincu que l’avenir de notre culture repose sur l’éducation des jeunes générations. En les sensibilisant à l’importance de notre héritage culturel, en les impliquant activement dans la transmission de nos traditions, nous assurons la pérennité de notre identité. C’est dans cette démarche d’affirmation culturelle et de conscientisation que réside notre force.

Je regarde vers l’avenir avec optimisme. La prise de conscience croissante de l’importance de notre culture et de notre unité, chez les jeunes en particulier, est un signe prometteur. Elle nous permettra, j’en suis sûr, de continuer à avancer ensemble, unis et solidaires, dans le respect et la valorisation de notre riche héritage culturel Ekang.

Akiba 

Sveltana Adah Mendome

Sveltana Adah Mendome, Rédactrice Savoir-Faire Ekang, Libreville, Gabon

Un autre article est lié, il s’agit de l’article sur le Collectif « Ma Ville que J’aime », cliquez ici

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