« L’avenir sourira aux agriculteurs prévoyants et travailleurs, car il ne se passe jamais un jour sans que l’Homme ne pense à manger. » ce sont les mots de Hubert ENGO EYA ayant servi de déclic pour deux jeunes hommes originaires de la ville de Bitam qui ont lancé une ferme agricole au Gabon dénommée « La ferme Ntemoise ». « Ntemoise » vient de « Ntem », qui est un département, parmi les des cinq subdivisions de la province du Woleu-Ntem, dans le Nord du Gabon. Département qui tire son nom du fleuve « Ntem » qui sert de frontière avec le Cameroun et avec la Guinée Equatoriale. Dans le cadre de ce numéro dédié à l’agroalimentaire, nous présentons à nos lecteurs, des jeunes qui ont réussi à démystifier ce métier dans des localités reculées des capitales. « La ferme Ntemoise » à Bitam dans le Nord du Gabon, commence à marquer un intérêt certain auprès de la diaspora gabonaise à l’étranger, qui souhaite distribuer ses produits hors du Gabon.
Mbolo !
Mboloani.
Présentez-nous la Ferme Ntemoise ?
La Ferme Ntemoise est un site à caractère agricole qui est née il y a une décennie déjà, mais qui s’est inscrite sur les réseaux sociaux, il y aura bientôt un an. La ferme est située dans la ville de Bitam, dans le Nord du Gabon. Elle est accessible en voiture. Partant du centre-ville de Bitam, vous empruntez l’axe Bitam-Eboro et une fois au carrefour Eboro, il suffira d’emprunter l’axe non-bitumé à votre gauche et parcourir environ 5 kilomètres pour arriver enfin à Nyabom, le village qui abrite la ferme.
Qu’est-ce qui vous a motivé vous, des jeunes à vous lancer dans la création d’une ferme agricole au Gabon ?
Le déclic vient de M. Hubert Engo Eya qui a dit « l’avenir sourira aux agriculteurs prévoyants et travailleurs, car il ne se passe jamais un jour sans que l’Homme ne pense à manger ». Ces mots nous ont encouragé à lancer des plants d’avocatiers, pruniers, citronniers, goyaviers et une bananeraie… Mais au départ, c’était pour un usage domestique. Nous sommes aujourd’hui une petite ferme familiale, mais qui commence à desservir quelques particuliers des villes et pays frontaliers.
Avez-vous fait une formation professionnelle au métier de fermier ?
Nous n’avons pas fait de formation professionnelle, car il n’existe pas de centre dédié à l’agriculture dans la ville de Bitam et dans la province. Pour nous lancer, nous nous sommes servis des connaissances pratiques données par nos parents, mais aussi de l’outil Internet. La passion et la résilience nous ont permis de lancer cette ferme.
Pourquoi le choix de la ville de Bitam ?
Bitam pour deux raisons, premièrement, nous sommes des natifs de cette localité et deuxièmement nous avons des étendues de terres fertilisées et exploitables.
Combien de personnes travaillent à la ferme ?
Pour l’instant, nous sommes deux, mais le nombre va accroître, c’est sûr.
Quels sont les produits que vous cultivez ?
Nous avons majoritairement les avocatiers, pruniers (atangatiers), cacaoyers, des plantains, du manioc… A la ferme Ntemoise, on retrouve aussi des citronniers, des goyaviers, des essais d’ananas, du café, de la patate douce, des ignames.
Pratiquez-vous une agriculture biologique ?
Étant nous-mêmes les premiers consommateurs, nous cultivons de façon biologique. Notre agriculture est du 100% Bio.
Où revendez-vous vos produits ?
Nous revendons nos produits à des particuliers au Gabon dans les villes de Bitam et Oyem, au Cameroun dans la ville d’Ambam et en Guinée Equatoriale, dans la ville de Ebebiyin. Nous ne faisons pas les marchés.
Faites-vous de l’élevage ?
Quoique embryonnaire, nous élevons des poules et des moutons.
Est-ce que votre ferme est ouverte au public et pourrait-on venir acheter sur place ?
Oui, il est possible aux personnes qui souhaitent des produits de se les procurer sur place à la ferme après avoir pris un rendez-vous au numéro suivant (00241) 077708909. Nous serons ravis de vous accueillir.
Avez-vous la concurrence, c’est à dire d’autres fermes autour ?
Il y a des agriculteurs tout autour de nous, pas vraiment de ferme, mais on peut dire que c’est de la concurrence. Nous sommes tous utiles, eux et nous pour nourrir notre ville et les villes voisines.
Quelle est la taille de votre production annuelle ?
Nous n’avons pas un chiffre très précis, mais avec nos moyens de production et nos terres, nous sommes capables de produire 43 tonnes par an d’avocats, citrons, goyaves, maniocs et bananes plantains.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre de ce métier ?
Notre plus grande difficulté est la Formation. Nous ne sommes pas formés aux techniques modernes ni au métier de la ferme. Avec une formation, vous savez ce que vous faites et vous êtes plus efficaces. Nous rencontrons aussi des difficultés à trouver des financements pour le lancement des sites exploitables en porciculture et pisciculture et enfin, des difficultés pour entretenir (débroussailler) plus de 8 hectares et demi de terrain, nous ne sommes que 2 personnes.
Avez-vous vous un dernier message à faire passer ?
« Un pays qui se nourrit chez le voisin, n’est pas libre ». L’agriculture doit être l’un des premiers secteurs d’activité à développer en urgence au Gabon. Nous lançons un appel à l’Etat gabonais afin qu’il puisse subventionner les grands et petits acteurs des métiers agricoles.
Akiba !
Félix Atemengue, Yaoundé, Cameroun.
