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Le Nsoan ou le tabac à priser Ekang

Nsoan Tabac a priser Africain

Le tabac à priser / le tabac à chiquer

En Amérique du Sud ils ont du tabac à chiquer, les Ekang ont du tabac à sniffer ou à priser qui s’appelle Nsoan dans la langue.

Il s’agit de feuilles de tabac qui sont séchées au soleil pendant plusieurs jours et par la suite broyées en fine poudre et qui est consommée par fines pincées aspirées par voie nasale.

La préparation du Nsoan chez les Ekang était faite par nos grands-mères qui plantaient les feuilles de tabac derrière leur cuisine. Ces feuilles ne s’arrachaient pas n’importe comment, elles les coupaient elles-mêmes et déclenchaient le processus de transformation et par la suite vendaient la poudre en petite dose. A chaque fois, 1 cuillère à café mis dans de petits sachets transparents.

La société était très bien organisée, au lieu d’ouvrir la même activité tous les 20 mètres, nos grands-mères marchaient parfois 1km pour aller s’en procurer chez les amies et profitaient pour prendre des nouvelles, discuter et échanger, cela renforçait les liens et l’amour qu’elles avaient entre elles. Il n’existait pas de concurrence agressive comme à ce jour et il y avait beaucoup de respect mutuel.

Feuille de tabac

Le Nsoan est aussi appelé « la prise » dans le jargon populaire , le coût dans nos villages variait entre 5 fcfa et 10fcfa, le petit sachet avec possibilité de faire crédit (années 90 début 2000).

Lorsque vous n’aviez pas d’argent, la grand-mère pouvait vous en faire priser le sien d’ailleurs, lorsqu’on acceuillait son invité on lui proposait son tabac à priser.

Le tabac étant extrêmement volatile , les sachets étaient ouverts délicatement et versés par la suite dans une boîte (petites boîtes de médicament vides de type Doliprane, Dafalgan, Efferalgan) et on consommait en ouvrant, prélevant une mini pincée,  sniffant et refermant la boîte qui devait toujours être fermée hermétiquement. Une boite pouvait faire au moins 10 ans, au lieu de jeter les boites de médicament dans la nature, elles étaient réutilisées pour mettre son Nsoan et on la gardait pour très longtemps.

Ceux qui faisaient le choix de laisser dans les petits sachets, refermaient soigneusement le sachet afin que la poudre ne s’évapore pas.

Dans notre tradition, la consommation de tabac chez les femmes d’un certain âge d’après nos découvertes était un code confrérique féminin dont nous n’avons pas percé les secrets. Code du fait que ce n’est pas toutes qui en consommaient et en fabriquaient. Qu’est-ce qui s’y cachait? A ce jour nous n’avons pas encore percé le mystère.

La consommation doit être très petite lorsqu’on ne connait pas le produit et dès que la poudre consommée, elle a pour effet de faire éternuer très fortement. Plus vous êtes résistant(e), moins vous éternuez, du coup il faut être prudent en consommant, toujours commencer par de très fines pincées.

Les dangers et les vertus de « la prise »

La prise crée une dépendance forte entre le consommateur et le produit. Elle se consommait à plusieurs heures de la journée : après le petit déjeuner, en route vers les travaux champêtres, pendant les heures de repos revenant des travaux champêtres, après le diner le soir et parfois les personnes dépendantes pouvaient en consommer toutes les heures. Ces personnes avaient les narines toutes rouge bordeaux couleur du tabac et très souvent ensanglantées lorsqu’il y avait abus.

La prise était consommée principalement par les personnes âgées : à partir de 60 ans.

Comme danger, les thérapeutes contemporains déconseillent à nos grands-parents d’abuser de la prise et leur disant que c’est l’une des choses qui fragilise leurs poumons et ainsi leur santé, et qui crée une forte dépendance et à travers cela découle toutes les conséquences du tabagisme notamment les problèmes cardiovasculaires.

Les grands-parents en consomment de moins en moins car leurs enfants le leur martèlent du coup parfois se cachent pour en consommer discrètement.

Comme vertus :

  • Débouche les narines et évite les rhumes
  • L’on raconte qu’elle prévient la grippe, nous même étant des consommateurs on ne peut pas le nier
  • Elle procure une sensation de bien-être et de plaisir aux personnes dépendantes
  • Surement d’autres vertus dont nous n’avons pas connaissance.
 
 

La rédaction Savoir-Faire Ekang.

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