Est-Cameroun, entre dynamisme et richesse offre des beaux paysages touristiques

Est-Cameroun province du soleil levant

L’Est-Cameroun, province du soleil levant, porte d’entrée du jour et du soleil dans le pays, c’est aussi le coeur des scènes de vie impossibles. Tout se mêle entre les activités courantes des populations et divers autres phénomènes. Un monde bigarré qui fait aussi penser qu’il est le grand oublié de l’Etat au vu des nombreux manquements. Mais inversement, on se dit aussi qu’il faut parfois bien passer par-là pour grandir. Car l’austérité contraint souvent les peuples à se surpasser au quotidien pour se la mériter comme tous les hommes de la terre. D’où le long des routes de la grande région qui sépare le centre au nord du pays, il est fort difficile de voir les gens divaguer comme dans les rues des autres lieux du pays. Ici, tout le monde s’affaire dès qu’il fait matin. Sur la route, on ne rencontre que des gens en pleine activité. On en voit qui vont ou rentrent des champs, portant le butin de la journée, ou qui vaquent à quelques autres occupations lucratives. On se bat pour gagner honnêtement sa vie et surtout que nous sommes alors à l’orée des fêtes de fin d’année au moment où nous visitons cette région ignorée du grand public national.

Village Cameroun
Village Cameroun

De Yaoundé à Batouri en passant naturellement par Ayos, Abong-mbang ou encore Bertoua, on n’aura pas aperçu assez de buvettes le long du trajet. Plus on s’éloignait vers le nord et moins on en voyait. À peine trois au cinq « Tchapalo » très souvent vides, sauf en fin de soirée à certains endroits quand tout le monde était rentré de son lot d’occupations quotidiennes. On se dit alors que c’est la conséquence de la proximité de ces populations avec le nord du pays quasiment non alcoolique ? Sinon comment comprendre autrement ce vibrant contraste avec le sud ou les autres contrées du pays où les débits de boissons de tous genres fleurissent du beau monde à temps et à contre temps ? Mon guide, Roméo, cadre commercial dans une société nationale en charge de la région qui a bien voulu me faire parcourir son calvaire habituel pour arriver à écouler ses commandes, me fait comprendre que les habitants ne sont pas autant différents et boivent même plus que ceux du sud, mais qu’ils ne se laissent pas détourner de leurs activités quotidiennes qui sont leurs seuls moyens de subsistance.

En effet, le long de notre trajet et devant chaque concession que nous traversons, il y a une matière à exposer. Quitte un régime de bananes douces par-ci, ou alors d’un fagot de bois par-là, toujours est-il que chaque concession expose quelque chose au grand profit des acheteurs qui sont les routards et les camionneurs de surcroit qui ramassent ces produits à vils prix pour les revendre dans les grandes métropoles à des prix plus faramineux. S’agissant de la matière généralement standardisée, la mode en avançant vers le nord est portée au charbon et aux fagots de bois qu’on aperçoit le plus. Ce sont des manières qui font que l’on pourrait autrement baptiser ce trajet « la route du charbon ».

Entre type centralien et savanien, le visiteur se réjouit de la diversité et de la mosaïque culturelle, linguistique et humaine. Les bordures de la grande route sont jonchées par des concessions de tous types, ce qui donne aux yeux outre l’impression du dépaysement, une joie et une gaieté hilarantes. Sur la chaussée, ça roule bien, nous en avons de la chance ! Car retourner moins d’une année en arrière sur le même trajet serait simplement un calvaire indescriptible auquel les autorités nationales ont finalement décidé de mettre fin.

Pour ce mois de décembre 2022, les Chinois sont entrain de peaufiner le dernier tronçon en tracé serpent qui conduit jusqu’à la ville de Batouri à la lisière du nord du pays. Ça roule donc admirablement bien à partir de Yaoundé, et la vue de tout ce parcours à travers savane et forêt ajoute une ambiance particulière dans l’émotion du voyageur qui oublie rapidement sa longueur.

Est Cameroun la ville
Est Cameroun la ville

La seule note discordante intervient lorsqu’on tente si peu de se détourner du trajet principal pour prendre une route secondaire.

Là c’est tout un autre spectacle qui s’offre à vous et risque fort de vous surprendre dangereusement. Dans notre cas en voulant faire un détour à Belabo, on bute sur un arbre qui venait juste de s’écrouler sur la chaussée. Notre guide nous apprend alors que des événements du genre sont plutôt réguliers sur le trajet. Le responsable des routes du pays ignore encore l’aménagement des bordures des axes… Pour arriver à se frayer le passage afin de continuer le parcours, on doit attendre beaucoup de minutes, le temps qu’un nombre grandissant d’usagers arrivent sur les lieux et que tous ensemble on contribue à élaguer l’arbre qui nous barre le chemin. Combien de minutes voire des heures nous a-t-il fallu attendre pour y parvenir ? Une heure, deux ? Je n’en sais rien. Toujours est-il qu’au bout d’un certain temps, il nous a finalement été donné de poursuivre notre cavale.

Le soleil monte au zénith et la circulation devient de plus en plus dense. Néanmoins nous conservons la bonne vitesse pour réussir à faire notre parcours à temps convenable. Mais des piles de voitures se forment de temps en temps et nous mettent au rythme de celle en tête. Sur la nationale n°1, les camions l’emportent largement sur les autres types de voitures. Impossible de rouler tranquille sur une bonne distance sans tomber sur une semi-remorque ou un grumier roulant à tombeau-ouvert. Parfois ce sont ces amis géants qui servent de transporteurs des passagers isolés le long des parcours.

Après nos camions, ce sont les cars aussi de tous types et de toutes les qualités qui s’ajoutent au trafic des routes et pistes de l’Est du pays. Mais les plus surprenants de tous qui apportent une touche spéciale au parcours est sans doute la marque SAVIEM de la vieille époque qui a été conservée ici. C’est la plus grosse attraction des routes de la région, surtout celles non goudronnées. On les appelle les SAVIEM « l’increvable » car dotés d’une robustesse et d’une flexibilité qui leur octroi d’être les maîtres des « nids de poules » de l’Est-Cameroun.  

Nous ne pouvons pas rater ce spectacle que nous offre cette voiture spéciale disparue de la circulation depuis une cinquantaine d’année. Un car bleuâtre d’abord rustique bondé d’un monde fou à l’intérieur et un monticule de bagages qui pendent sur les bords de la carrosserie. Un spectacle à ne pas rater. Mon chauffeur met plein gaz pour rattraper la carcasse roulante et la serrer de près.  On peut lire les mentions qui nous indiquent que le car appartient donc à une agence ! Wow ! C’est ça l’Est-Cameroun de toutes les surprises. 

Saviem sur la route de l'Est Cameroun
Saviem sur la route de l'Est Cameroun

Des diamants à des amas de ferrailles servant de véhicules, en passant par l’or et le charbon, on ne trouve mieux nulle part ailleurs.

Nous restons derrière « l’increvable » une dizaine de minutes avant de reprendre le devant et foncer vers le cœur de Bertoua, la capitale de l’Est-Cameroun. Ici, un tout autre spectacle nous attend : celui des fêtes de la fin d’année. Comme tous les coins du pays, la ville se prépare pour le mieux. Les rues se parent des meilleurs abords. Les autorités ont décidé cette fois d’y apporter du neuf. Des routes aux bâtisses, en passant par des jardins, on dirait que Bertoua a décidé de conjurer sa vieillesse pour faire peau neuve. Des motos fourmillent sur les artères à couper le souffle aux conducteurs non-avisés. Elles rivalisent avec les piétons, même s’il reste vrai que les voitures ne se laissent pas faire, mais nous sommes bien entendu très loin du big bang de Douala ou de Yaoundé

Non loin du centre-ville, nous choisissons comme premier escale le complexe sportif TIGAZA qui est la confirmation du dynamisme des populations de l’Est-Cameroun qui n’ont pas attendu l’Etat leur construire des infrastructures ou leur offrir des emplois. Elles se battent au mieux pour vivre comme tout le reste des Hommes.

TIGAZA s’est paré pour la bonne ambiance. Un écran géant pour suivre en direct les derniers exploits des lions indomptables en coupe du monde. Notre guide en est impliqué. Sa société a déployé des gros moyens pour cartonner. La diversité culturelle de la région apporte une touche bigarrée à l’événement qui s’annonce riche et exotique. Mais mieux encore, Tigaza se jouxte à un complexe d’un autre type qui va me laisser bouche-bée. En cherchant à mieux cerner les pourtours du complexe, je suis attiré par le mouvement d’un véhicule familier : c’est notre fameux Car de tout à l’heure qui entre en gare. Quelle surprise et quel merveilleux cadeau !! Moi qui n’espérais pas mieux. C’est donc qu’ici que se « fabrique » notre fameuse collection ! Voilà comment je me lance à la quête du secret de la conservation de cette marque de voiture disparue de la circulation depuis fort longtemps. Très vite on me met en contact avec le chef du garage qui m’apprend qu’il s’agit d’un vaste réseau qui va de l’Afrique de l’Ouest jusque dans notre pays pour collectionner tout ce qui a été abandonné afin de les réchapper…

CAPSULE VIDEO DE NOTRE SEJOUR DANS L' EST-CAMEROUN

Felix Atemengue, Reporter Savoir-Faire Ekang à l’Est-Cameroun