Les feuilles de manioc, souvent réputées pour leur saveur unique et leurs vertus nutritionnelles, occupent une place de choix dans la gastronomie traditionnelle d’Afrique centrale. Appelées différemment selon les régions – Kpwem chez les Beti-Bulu du Cameroun, Medza’a chez les Fang du Gabon et de la Guinée Équatoriale, ou encore Medzo’o au Congo – elles représentent bien plus qu’un simple ingrédient : elles sont un véritable symbole culturel et culinaire. Cet article vous invite à un voyage à travers les saveurs et les traditions des Ekang, un peuple présent dans plusieurs pays d’Afrique centrale.
Les feuilles de manioc : un trésor nutritionnel
Origine et culture des feuilles de manioc
Le manioc, originaire d’Amérique du Sud, a été introduit en Afrique au XVIème siècle. Si la racine est plus connue à travers le monde pour ses usages variés (fécule, farine, etc.), les feuilles de manioc constituent une base essentielle dans l’alimentation de nombreux peuples d’Afrique centrale, notamment les Ekang. Ces feuilles, à la fois tendres et riches en goûts, sont cuisinées de manières diverses et accompagnent souvent les féculents locaux.
Bienfaits pour la santé
Les feuilles de manioc sont un véritable concentré de nutriments, idéales pour renforcer le système immunitaire et maintenir une bonne santé :
- Richesse en vitamines : vitamines A, B, C et E pour améliorer la santé des yeux, du cerveau et de la peau.
- Apports en minéraux : fer, magnésium, calcium, potassium et zinc pour le bon fonctionnement de l’organisme et la santé osseuse.
- Prévention de l’anémie : grâce à leur teneur élevée en fer.
- Fibres alimentaires : favorisent une bonne digestion et préviennent la constipation.
- Rôle médicinal : utilisées traditionnellement pour traiter certaines maladies comme le paludisme non sévère, la fièvre, désinfecter les plaies, et soulager les brûlures.
- Bienfaits pour les femmes : prévention de l’anémie chez les femmes enceintes et réduction des risques d’ostéoporose pour les femmes ménopausées.
Voyage culinaire au cœur des recettes à la base des feuilles de manioc et des saveurs chez les Ekang
Au Cameroun : les multiples déclinaisons du Kpwem
Les Bulu, Ewondo, Eton, et autres sous-groupes Ekang du Cameroun proposent des recettes variées qui mettent en avant les feuilles de manioc :
- Kpwem avoé : préparé à partir de feuilles de manioc sans sel cuites dans un jus de noix de palme, ce plat intègre du zong (aubergine du village) et se déguste avec du macabo ou de la patate douce.
- Kpwem Nku: feuilles de manioc salées agrémentées de jus de noix de palme et de sauce d’arachides grillées. Les Etenga ajoutent des choux, de la noix de coco et de nombreux types de viandes, notamment des tendons rôtis à l’huile.
- Kpwem minsong chez les Ewondo : feuilles de manioc sans sel, cuites avec du jus de noix de palme, des cœurs de la plante Essong et du zong.
- Kpwem mekaba chez les Ewondo : feuilles de manioc sans sel, cuites directement avec du macabo et du jus de palme dans une même marmite.
- Kpwem isouk : feuilles de manioc mijotées avec de la pulpe de noix de palme.
- Kpwem owono chez les Eton : une recette où les feuilles de manioc sont associées à de l’arachide écrasée. Ce plat s’accompagne souvent de bâtons de manioc.
- Kpwem Ekôn chez les Omvang : une variante régionale mettant en valeur les feuilles de manioc dans un mélange unique.
- Mbwam/Mbom Kpwem : feuilles de manioc salées et arachides grillées, cuites à l’étouffée dans des feuilles de bananier sur des braises de charbon.
- Sà fõn : feuilles de manioc mélangées avec du maïs sec, du jus de noix de palme et du zong (aubergine du village).
- Nya’an wondo chez les Bulu : une préparation combinant feuilles de manioc, pâte de cacahuètes grillées, lie de noix de palme, poissons secs et sel.
- Ñyumin wondo chez les Bulu : une version différente avec des feuilles de manioc, pâte de cacahuètes crues trempées préalablement dans de l’eau, huile, oignon, crevettes et/ou viande fraîche.
- Nkonog Kpwem chez les Eton : feuilles de manioc associées à des arachides écrasées, piment, sel, crevettes séchées et poudre de Bifaga (poisson fumé et séché). Le tout est emballé dans des feuilles de bananier et cuit à l’étouffée.
- Mpem ou ilop dans la Haute Sanaga : feuilles de manioc agrémentées de pulpe de noix de palme ou d’huile rouge, d’arachides grillées, de bifaga ou de viande de brousse fumée, et de sel.
Au Gabon et en Guinée Équatoriale : traditions culinaires autour du Medza’a
Dans ces pays, les recettes à la base des feuilles de manioc sont aussi préparées de manière inventive :
- Medza’a ya Essouk : feuilles de manioc avec du jus de noix de palme, souvent accompagnées de plantains mûrs.
- Medza’a e nfou : recette qui mêle feuilles de manioc, arachides écrasées, pulpe de noix de palme et crevettes.
- Safone medza’a : spécialité combinant feuilles de manioc, feuilles de melon, jus de noix de palme et maïs. Consommé sucré ou non, ce plat est unique par sa polyvalence.
- Osuru a Mendja : en Guinée Équatoriale, cette recette mêle feuilles de manioc pilées et pâte d’arachide.
En République du Congo : le Medzo’o et ses variantes
Les Fangs du Congo et autres groupes locaux proposent des versions des recettes à la base des feuilles de manioc :
- Medzo’o chez les Djem : feuilles de manioc cuites avec de la pulpe de noix de palme.
- Mbom Medzo’o chez les Fang du Congo : feuilles de manioc accompagnées de poisson frais ou fumé, avec de la potasse pour conserver leur couleur verte.
- Medzo’o ne wunu chez les Fang du Congo : feuilles de manioc, pâte d’arachide, poisson fumé et crevettes séchées. Ce plat est un hymne à la richesse des saveurs locales.
Gastronomie et culture : un mariage inséparable
Les feuilles de manioc sont au cœur de nombreuses traditions culinaires. Ces plats, souvent préparés au quotidien au retour des travaux champêtres, reflètent l’âme du peuple Ekang. La cuisine devient un espace de transmission culturelle, un lieu de formation, où les savoirs se partagent entre générations.
Pourquoi découvrir ces recettes lors de votre prochain voyage ?
Déguster ces recettes à la base des feuilles de manioc en Afrique centrale, c’est vivre une expérience authentique. Que ce soit dans les marchés locaux, les restaurants ou auprès des habitants, chaque bouchée est une immersion dans la culture locale. Ajoutez à cela les paysages époustouflants et la richesse culturelle de ces régions, et vous construirez une aventure inoubliable.
Conclusion
Les recettes à la base des feuilles de manioc sont bien plus qu’un repas : elles sont le reflet d’une richesse culturelle et d’une biodiversité unique. En savourant ces recettes, vous embrassez une part de l’âme des peuples d’Afrique centrale. Alors, préparez vos papilles et partez à la découverte de ces saveurs authentiques lors de votre prochain voyage !
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Notes de référence :
Ce texte a été rédigé avec la collaboration des abonnés de la page Facebook Savoir-Faire Ekang qui ont décrit toutes les recettes énoncées dans cet article. Nous les remercions grandement.
Articles consultés :
https://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=manioc_nu
