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La mondialisation met sous pression de nombreuses cultures locales à travers le monde, et la culture Ekang, qui regroupe des peuples d’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République du Congo), n’échappe pas à cette dynamique. Cependant, les avancées de l’intelligence artificielle (IA) offrent une opportunité sans précédent pour préserver et promouvoir cette culture riche et diverse dans le but de la transmettre aux générations futures. Cet article explore comment l’intelligence artificielle et la culture Ekang peuvent être associées et est conçu pour être accessible et informatif en mettant l’accent sur les aspects pratiques.
Premier cas d’usage : la préservation des langues et traditions orales Ekang
Les langues Ekang comme le Fang, les langues du groupe Beti et le Bulu, sont en voie de disparition. L’intelligence artificielle peut jouer un rôle capital en utilisant des technologies avancées pour les conserver. Le traitement du langage naturel (NLP) est une branche de l’IA qui aide les ordinateurs à comprendre et traduire le langage humain. La synthèse vocale est une autre technologie qui permet aux ordinateurs de “parler” en imitant la voix humaine. L’intelligence artificielle et la culture Ekang peuvent se rejoindre ici grâce à ces technologies pour :
- Collecter et analyser les paroles, récits, contes, chants et histoires racontées en langues Ekang.
- Créer des corpus linguistiques, c’est-à-dire des bases de données de textes, pour enseigner ces langues via des plateformes éducatives.
- Transcrire et traduire automatiquement des conversations ou récits enregistrés dans ces langues.
- Recréer la voix des anciens conteurs de Mvet à travers des synthétiseurs vocaux, rendant possible la diffusion des récits Ekang sous forme de podcasts ou de livres audio.
Mise en œuvre :
- Créer un corpus linguistique des langues Ekang.
- Entraîner des modèles de traitement du langage naturel et de synthèse vocale sur ces données.
- Développer une application interactive permettant aux jeunes générations d’apprendre en écoutant les récits, les podcasts culturels et même les coutumes et traditions comme le mariage et l’art oratoire Ekang.
Deuxième cas d’usage : Numérisation du patrimoine culturel Ekang
La numérisation des objets culturels (masques, artefacts) est essentielle pour préserver la culture Ekang. L’intelligence artificielle et la culture Ekang peuvent être associées en utilisant la modélisation 3D, qui transforme les objets physiques en versions numériques visibles sur un écran :
- Modélisation 3D des artefacts Ekang grâce à des logiciels comme Blender, Autodesk Maya.
- Reconnaissance d’images pour cataloguer les objets à l’aide d’algorithmes d’IA (comme ceux de Google Vision API).
- Création de musées virtuels en utilisant des technologies de réalité virtuelle et augmentée rendant les objets Ekang accessibles.
Mise en œuvre :
- Scanner et numériser les artefacts culturels.
- Recruter des anthropologues, historiens et traditionnalistes pour documenter ces artefacts.
- Créer des modèles 3D accessibles en ligne.
- Développer une plateforme immersive (réalité virtuelle/augmentée) pour présenter ces objets au public.
Troisième cas d’usage : Éducation et transmission intergénérationnelle
L’intelligence artificielle et la culture Ekang peuvent se rencontrer dans l’éducation des jeunes à travers :
- La création d’applications interactives et de jeux éducatifs instruisant sur la langue.
- Le développement d’assistants culturels virtuels des programmes pilotés par des chatbots utilisant le NLP, qui peuvent répondre à des questions sur les coutumes et traditions Ekang.
Mise en œuvre :
- Collecter des contenus (dictionnaires, articles, livres) pour enrichir l’application.
- Concevoir et développer des jeux interactifs ou des assistants virtuels pour rendre la culture Ekang accessible aux jeunes générations.
Quatrième cas d’usage : Promotion de la culture Ekang dans le monde
L’intelligence artificielle peut aider à promouvoir la culture Ekang à l’échelle mondiale à l’aide d’outils d’analyse, comme Talkwalker, Brandwatch ou Google Trends, qui permettent de suivre ce que les gens recherchent, discutent ou partagent en ligne :
- Suivi de la popularité des contenus Ekang : En analysant les mentions et les discussions sur les réseaux sociaux, les blogs, les forums, et même dans les médias, l’IA peut mesurer l’intérêt et l’engagement autour des sujets liés à la culture Ekang (par exemple, la diffusion de vidéos sur des danses traditionnelles, des discussions sur les rites…).
- Identifier de nouvelles audiences : L’intelligence artificielle peut aussi analyser les données pour comprendre qui s’intéresse à la culture Ekang. Par exemple, elle peut détecter des augmentations de recherches ou de discussions à propos de cette culture dans certaines régions du monde (comme aux États-Unis ou en Europe). Cela permettrait d’adapter les stratégies de promotion et de valorisation pour mieux atteindre ces audiences.
- Optimisation des campagnes de promotion : Les IA peuvent également aider à optimiser les campagnes publicitaires pour promouvoir des événements culturels Ekang, des concerts, des expositions ou des contenus éducatifs en ligne. Par exemple, elles peuvent cibler des utilisateurs qui ont montré un intérêt pour la culture Ekang.
Mise en œuvre :
- Collecter des données culturelles et les intégrer dans un système de recommandation.
- Utiliser des outils d’analyse pour suivre la popularité et l’influence de la culture Ekang dans les médias.
Cinquième cas d’usage : Régénération des pratiques culturelles Ekang
Certains savoirs, tels que la médecine traditionnelle, peuvent être revitalisés grâce à l’intelligence artificielle :
- Conservations des savoirs médicinaux en créant des bases de données sur les remèdes et plantes, analysées par des IA comme IBM Watson Health.
- Création musicale à partir des motifs traditionnels capturés du balafon, les tam-tams et le Mvet grâce à des IA comme AIVA. Aussi, les algorithmes d’IA peuvent analyser et composer de nouvelles musiques en s’inspirant des motifs musicaux traditionnels Ekang, ou bien recréer des chorégraphies de danses ancestrales, permettant ainsi leur transmission ou leur modernisation.
Mise en œuvre :
- Collecter les recettes et remèdes traditionnels avec l’aide d’experts locaux (tradipraticiens, Ngengang, herboristes…).
- Entraîner des IA pour analyser et proposer des solutions modernes basées sur ces savoirs ancestraux.
Sixième cas d’usage : Gestion des défis liés à l’urbanisation
Les Ekang, comme beaucoup d’autres cultures, possèdent des pratiques écologiques et agricoles durables héritées de leurs ancêtres. Cependant, ces pratiques sont parfois menacées par la modernisation et l’urbanisation. L’intelligence artificielle peut jouer un rôle clé pour préserver et adapter ces pratiques à un environnement moderne:
Identification et optimisation des pratiques durables : Des outils d’IA peuvent analyser les pratiques agricoles et forestières pour en extraire des connaissances précieuses de la sorte :
- Analyser les cycles agricoles ancestraux pour identifier des méthodes durables de culture ou de gestion forestière.
- Modéliser l’impact environnemental des techniques traditionnelles par rapport aux méthodes modernes, et proposer des adaptations aux nouveaux paysages sans cesse en évolution.
- Préserver la biodiversité : En intégrant des données écologiques, l’IA peut recommander des pratiques de conservation basées sur les méthodes Ekang de gestion des ressources naturelles. La création de deux grands barrages hydroélectriques dans le Sud du Cameroun ces dernières années malgré l’opposition des villageois qui furent délocalisés, fut un véritable désastre écologique, dénoncé dans le livre « BONGÔ YA DJAL, les fils du Sud » de l’auteur Aristide Atonkoumou.
Lancement des projets d’agriculture urbaine durable : Dans les zones urbaines, l’IA peut aider à adapter des techniques agricoles traditionnelles pour la création de fermes verticales ou urbaines. Par exemple, certaines pratiques Ekang relatives à l’utilisation des plantes médicinales ou à la culture durable pourraient être adaptées à des environnements urbains en utilisant l’IA pour gérer les ressources comme l’eau, la lumière, et la fertilisation de manière optimisée.
L’Intelligence Artificielle, un outil clé pour la préservation de la culture Ekang
L’intelligence artificielle et la culture Ekang constituent une alliance prometteuse pour préserver et promouvoir ce patrimoine culturel d’exception. Les technologies actuelles permettent d’atteindre des objectifs divers, allant de la préservation des langues et des traditions orales à la numérisation des artefacts culturels, en passant par la revitalisation des pratiques traditionnelles telles que la médecine ou les rituels ancestraux. La création de musées virtuels et d’outils pédagogiques interactifs est également envisageable pour diffuser la culture Ekang à l’échelle mondiale.
L’un des défis majeurs de ce type de projet est le coût élevé des technologies et des infrastructures nécessaires à leur déploiement. Ainsi, l’implication des gouvernements des pays d’Afrique centrale où le peuple Ekang est présent notamment le Cameroun, le Gabon et la Guinée Équatoriale, devient incontournable. Ces états doivent jouer un rôle clé dans la création de pôles de recherche numérique et de centres de développement technologique destinés à l’application de l’IA pour la préservation de la culture. Un programme de développement soutenu par ces gouvernements, en collaboration avec les experts de la grande communauté Ekang et les mécènes culturels pourrait offrir des solutions concrètes. Ces efforts, au-delà de la conservation culturelle, pourraient générer des retombées économiques importantes, telles que l’essor de l’écotourisme et la valorisation des biens culturels sur le marché mondial.
En conclusion, bien que l’IA soit une technologie complexe, elle offre un potentiel considérable pour le peuple Ekang dans sa quête de préservation, d’expansion et de transmission culturelle. En fusionnant tradition et modernité, cette technologie peut devenir une alliée puissante, ouvrant des perspectives nouvelles tout en honorant et en protégeant un patrimoine immatériel précieux. L’adoption de l’intelligence artificielle pourrait donc non seulement protéger la culture Ekang, mais également renforcer son rayonnement à l’échelle mondiale, permettant ainsi à cette civilisation de prospérer tout en s’adaptant aux réalités du monde contemporain.
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