Naissance d’une école de Mvet à Sangmelima : entre tradition et controverse

école de Mvet Sangmelima

Le 2 mai 2023 marque une date importante pour la préservation de la culture Mvet au Cameroun, avec l’inauguration d’une école dédiée à cet art au Centre Culturel Catholique Mbolo, situé à Sangmelima, près de la Cathédrale Notre-Dame-du-Rosaire, dans le quartier Akon. Ce centre, relevant du diocèse de Sangmelima, entend offrir une nouvelle dimension à la pratique du Mvet, instrument emblématique de la culture Ekang, tout en conciliant tradition et modernité.

Un projet initié par Monseigneur Christophe Zoa

Monseigneur Christophe Zoa, Evêque de Sangmelima, est l’instigateur de cette initiative. Son ambition est d’intégrer le Mvet dans les célébrations religieuses, à l’instar des balafons, déjà utilisés lors des offices. Convaincu que Sangmelima est le cœur vivant de la culture Mvet, l’évêque souhaite non seulement préserver cette tradition ancestrale, mais aussi encourager sa pratique au sein de la communauté chrétienne. Ainsi, le Centre Culturel Mbolo abrite désormais un conservatoire de musique traditionnelle où sont enseignés les tam-tams, les balafons et le Mvet. Ce centre culturel est doté d’une bibliothèque de 50 000 ouvrages, offrant des ressources permettant de préparer les diplômes jusqu’à la Licence.

Afin de renforcer cet apprentissage, Monseigneur Zoa a demandé à chaque paroisse de son diocèse de désigner au moins deux jeunes par an pour se former au Mvet. Ces jeunes pourront ensuite jouer cet instrument lors des célébrations religieuses dans leurs paroisses respectives. Pour l’évêque, la création de cette école de Mvet constitue une réponse au risque de disparition de cet élément clé du patrimoine culturel Ekang.

Une école qui attire déjà des élèves

Actuellement, l’école de Mvet compte 15 élèves et deux enseignants, et elle accueille des enfants dès l’âge de 6 ans. Les cours, qui se déroulent du lundi au vendredi, sont l’occasion pour les élèves de perfectionner leur maîtrise de cet instrument traditionnel. Régulièrement, des représentations sont organisées afin de mettre en lumière leur apprentissage devant un public.

L’accès à l’école est tarifé à 25 000 FCFA par mois. Quant aux instruments, leurs prix varient entre 50 000 et 200 000 FCFA. Pour ceux qui ne peuvent pas acquérir un Mvet personnel, le Centre propose un service de prêt d’instruments.

école de Mvet Cameroun

Une initiative controversée

Cependant, l’initiative de création de cette école n’a pas fait l’unanimité, notamment au sein de la communauté Ekang du Cameroun. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’implication de l’Église catholique dans cette démarche, perçue par certains comme une tentative d’appropriation culturelle. Ces critiques sont nourries par le passé douloureux de l’Église, accusée d’avoir contribué à la destruction des traditions et de la culture Ekang, tout en s’emparant d’objets cultuels.

Il est important de souligner que l’école de Mvet de Sangmélima ne vise pas à enseigner le « Mvet sacré » ou initiatique, réservé aux aspirants qui suivent des initiations ésotériques. Cet apprentissage du Mvet initiatique est exclusivement dispensé par les Maîtres Mvet et s’étend sur une période minimale de vingt ans. L’objectif de l’école de Mvet de Sangmélima est purement pédagogique et profane, visant à faire découvrir l’instrument Mvet comme un élément musical. Il s’inscrit dans une démarche similaire à celle des conservatoires de musique qui existent partout dans le monde, formant les jeunes au Mvet de manière profane, tout comme d’autres instruments jadis réservés aux initiés tels que les tam-tams ou balafons, désormais joués par des profanes dans des contextes plus populaires et dans les églises.

Sauvegarder une culture en déclin

La controverse soulève une question essentielle : comment sauvegarder et transmettre la culture Ekang à une jeunesse de plus en plus désintéressée par les traditions, souvent perçues comme obsolètes ou peu lucratives ? La création d’une école de Mvet peut, dans ce contexte, être vue comme une opportunité de susciter de nouvelles vocations et d’assurer la pérennité de cet instrument.

Bien que cette initiative émane de l’Église catholique, elle pourrait inspirer la création d’autres centres culturels similaires à travers le Cameroun. Le Mvet, comme tout élément de patrimoine, a besoin de s’adapter aux réalités contemporaines pour survivre. En cela, l’école de Mvet de Sangmelima joue un rôle crucial dans le maintien d’une culture menacée d’extinction.

Conclusion

L’initiative de Monseigneur Christophe Zoa et la création de l’école de Mvet de Sangmelima s’inscrivent dans une démarche de préservation et de transmission d’une tradition musicale chère à la culture Ekang. Si les critiques ne manquent pas, il n’en demeure pas moins que ce projet offre une plateforme pour redonner vie à un art en déclin, tout en suscitant l’intérêt des jeunes générations. L’avenir dira si cette initiative permettra à la culture Mvet de retrouver sa place au sein de la société camerounaise, à la croisée de la tradition et de la modernité.

Le Centre Culturel Mbolo, dans son message final, appelle à inscrire les enfants pour l’apprentissage du Mvet, afin de renouveler et préserver cette culture en péril. La survie de la musique Mvet, patrimoine des Ekang, en dépend.

Informations et inscriptions au Centre Culturel Mbolo à Sangmélima : 00 237 696 23 93 57.

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