Le seigneur de la guerre ELE MENDOMO et l’OBAN BULU

Ele Mendomo Oban Bulu

L'Installation des Esazômbô à Nkongmekak

Les Esazômbô, appartenant au clan Yemeyema’a, s’installèrent à Nkongmekak sous la direction du Chef NGOMBAYO NSIM, fils de NSIM BIYO’O et petit-fils de BIYO’O ESOK. Selon le Révérend Philémon Efanden dans son ouvrage « Histoires et chroniques d’une tribu Bulu du Sud-Cameroun, Les Yemeyam’a de Nkongmekak » à la page 69, NSIM BIYO’O régna à partir des années 1880 sur les quatre familles du clan Yemeyema’a du village Mvondo. Sa mort survint à Nkôtôveng après son retour de la Grande Guerre appelée Oban, qui opposa les Yemeyema’a à une coalition des tribus d’Ebolowa et des Beti. Cette guerre se termina par un cessez-le-feu à Ebolowa, au lieudit Dum Ebeté Akok.

La Succession Contestée de NGOMBAYO NSIM

À la mort de NSIM BIYO’O, son fils NGOMBAYO NSIM devint Chef par usurpation. En effet, avant de partir pour la grande guerre Fang, NSIM BIYO’O avait promis à OBA’A MBENTI qu’il lui succéderait en cas de décès pendant les affrontements. Cependant, de retour de la guerre, sentant sa fin proche, NSIM BIYO’O remit les attributs de Chef (la canne et le chasse-mouches) à son fils NGOMBAYO en lui demandant de les transmettre à OBA’A MBENTI. NGOMBAYO confisqua ces objets et se déclara Chef, divisant ainsi le clan Yemeyema’a en deux groupes : l’un sous l’autorité de OBA’A MBENTI et l’autre sous celle de NGOMBAYO NSIM.

NGOMBAYO régna puis souhaita que son fils NSIM MINSILI hérite de la chefferie, mais ce dernier le trahit, complotant pour sa mise à mort avec les colons Allemands. Par conséquent, NGOMBAYO remit la chefferie à MEKULU M’OBA’A, fils de OBA’A MBENTI, et maudit NSIM MINSILI, qui malgré ses 32 femmes, n’eut jamais d’enfant.

L'Attaque d'Ele Mendomo et le Déclenchement de l'Oban Bulu

Quelques années après leur installation à Nkongmekak, les Esazômbô furent attaqués par un guerrier redoutable d’Ebolowa nommé ELE MENDOMO. Rev. Philémon Efanden, à la page 93 de son ouvrage, rapporte qu’ELE MENDOMO était un Beti de Ngoulemakong par son père, mais sa mère était Bulu d’Ebolowa, ce qui faisait de ses oncles maternels des Bulu. Le nom d’ELE MENDOMO apparaît également dans l’ouvrage de Laburthe-Tolra, « Les Seigneurs de la forêt », qui décrit ses affrontements avec les Bënë qu’il repoussa loin de ses terres.

Lorsque les Bulu d’Ebolowa décidèrent de combattre NSIM BIYO’O, ils sollicitèrent ELE MENDOMO pour prendre la tête de leurs troupes. Acceptant ce rôle, ELE MENDOMO déclencha la guerre fratricide qui fut appelée Oban Bulu. Les troupes se mirent en route vers le village de Nkongmekak, Lorsqu’ils atteignirent la localité d’AKOM II qui est séparée de Nkongmekak par la rivière KIENKE, ils furent surpris par le débordement de celle-ci qui s’étendait jusqu’à l’actuel emplacement de la Mission Adventiste, débordement provoqué par les pouvoirs mystiques de NSIM BIYO’O. Ne sachant pas nager, les troupes ennemies furent bloquées pendant des semaines, prêtes à renoncer.

La Trahison et la Victoire d'Ele Mendomo

La situation changea lorsque deux frères, fils de Nkongmekak, AYA MONJENGUE et EZOM MONJENGUE qui avaient leur famille maternelle à Ebolowa, trahirent NSIM BIYO’O en révélant son secret à ELE MENDOMO. Grâce à cette trahison, ELE MENDOMO contourna l’obstacle et assiégea le quartier général de NSIM BIYO’O. Les assaillants réussirent à tuer les hommes, brûler les maisons et capturer les femmes et enfants, qu’ils emmenèrent en otages à Ebolowa.

Après cette défaite, NSIM BIYO’O, son fils NGOMBAYO NSIM et ses troupes se réfugièrent à Minkale. Déterminé à se venger, NSIM BIYO’O se replia pour déclencher l’Oban Fang en guise de représailles. Il alla chercher du renfort chez les Fang, notamment les Ntumu et les Mvaé, pour reprendre les hostilités et venger sa famille.

Conclusion

L’histoire de NSIM BIYO’O, de  NGOMBAYO NSIM, d’ELE MENDOMO et de l’Oban Bulu est un témoignage poignant des dynamiques complexes de pouvoir, de trahison et de guerre qui ont marqué l’histoire des clans Bulu. Ces récits, bien que violents, mettent en lumière la résilience et la détermination des peuples du Sud-Cameroun face aux défis internes et externes. À travers ces histoires, nous découvrons non seulement les stratégies de guerre et les alliances formées, mais aussi les valeurs et croyances qui ont guidé ces peuples. La mystique de NSIM BIYO’O, la trahison des frères MONJENGUE et la sagacité d’ELE MENDOMO sont autant de facettes d’un passé complexe et fascinant. En conservant et en racontant ces récits, nous rendons hommage à l’héritage culturel, assurant que leur histoire perdure pour les générations futures. Dans un prochain article, nous vous conterons l’OBAN FANG où la vengeance de NSIM BIYO’O.

Nous avons rédigé la suite de cette histoire, pour la lire, cliquez : OBAN FANG ou la vengeance de NSIM BIYO’O

Notes de référence :

« Histoires et chroniques d’une tribu Bulu du Sud du Cameroun, les Yemeyema’a de Nkongmekak » de  Révérend Philémon Efanden.

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