Logo Savoir Faire Ekang

ENCYCLOPEDIE DES SAVOIR-FAIRE EKANG - ENSAFE

Voyage au cœur du peuple Iyasa de Campo au Cameroun, un peuple des côtes que l’on retrouve aussi en Guinée Equatoriale et au Gabon

Iyasa Campo Moukoukwe Mekuye

Le peuple Iyasa de Campo au Cameroun

Un coup de fil de ma collaboratrice m’informant d’une petite découverte qu’elle vient de faire à travers le réseau WhatsApp : le peuple Iyasa, « connais-tu ?« , me demande elle. « Non« , répondis-je étourdiment me demandant s’il ne fallait pas y voir un certain rapprochement avec le nom Yassa, cet autre quartier cosmopolite de la grande ville de Douala ? Quelques instants après les choses s’enlisent plutôt dans le bon sens avec le contact d’une dame, Madame Cathy Mboula, résidant en Suisse qui va nous entretenir amplement, document à l’appui. Mieux, elle nous apprend qu’un festival de ce peuple va avoir lieu dans trois jours à Campo, à la date précise du 30 Juillet 2022.

Campo, c’est bien loin. Près de quatre cents kilomètres du lieu où je me trouve en plus de toutes mes autres occupations. Quelle décision prendre dans ce cas ? Mais le sujet n’en vaut-il pas la peine ? De la beauté culturelle à celle de sa géographie, en passant par le contenu historique et traditionnel de ce peuple qui contient des éléments anthropologiques importants, le déplacement en vaut le coup, me dis-je en fin de compte.

Vendredi, soit deux jours plus tard, je prends la route de Kribi où je suis attendu par une partie de la délégation impliquée à l’organisation du festival. J’y débarque dans les coups de 20h. J’ai parlé tantôt de quatre cents kilomètres de distance, mais quand on prend en compte l’état piteux des deux axe-lourds Douala – Yaoundé et Edéa – Kribi, je pense qu’il faudrait plutôt mieux faire de multiplier ce trajet par deux. Plus qu’une question de honte, c’est dramatique cette histoire de nos axes routiers qui déciment un monde de plus en plus nombreux tous jours au grand mépris de ceux qui en ont la charge. Pour la petite histoire, je le dis sans donc savoir que devant moi, à une vingtaine de kilomètres s’étale la fameuse autoroute d’une vingtaine de kilomètres inaugurée à grandes pompes par le ministre de tutelle…

21h, je rejoins finalement le « Quartier Latin » qui est un hôtel de la place en finition et qui a la particularité d’appartenir à une enfant du clan et aussi de servir de quartier général à la bande qui doit se rendre au festival le lendemain.  Journalistes, historiens ou encore touristes, on se confond tous autour d’une belle tablée initiée par Doylè, un des acteurs clefs de la culture Iyasa. Il est enthousiasmé d’avoir tout ce beau monde au tour celui bien que ce ne soit pas le grand festival comme il aime tant s’en plaindre tout le reste de la soirée. Il n’est pas seul à nous encadrer. Sa grande sœur Cathy depuis la Suisse veille aux grains. Elle tient à s’assurer que l’accueil est parfait et que ses convives sont pris aux soins parfaits. À 23h, nous estimons le temps assez avancé et que nous devons tous nous reposer afin de mieux tenir le trajet qui nous de notre but dès le lendemain. Mais ça sera non sans me présenter un jeune garçon de la vingtaine qui va me servir de guide et de conducteur. Il fait dans la mototaxi et spécialisé dans la ligne Kribi – Campo, lui-même étant un Iyasa de Ebodjé.

La matinée démarre par une atmosphère de catastrophe. Une pluie soudaine s’est déchaînée sur Kribi clouant tout le monde sur place. Elle qui était déjà précédée d’une coupure de courant aussi brusque bien qu’annoncée les veilles. À 8h, la troupe perd espoir. Surtout qu’on nous parle de la route de Campo qui n’est pas praticable. Mais heureusement que ce ne sont que des dires de ceux qui ne l’ont pas emprunté depuis belle lurette, car ce qui nous attend est une toute autre histoire.

À 9h, le ciel semble s’accorder avec les mamy-watas de ne pas gâcher la fête des Iyasa qui sont un des neuf clans de la tribu des Ndôwè. La pluie s’arrête et tout s’éclaircit autour de nous. C’est le branle-bas de part et d’autre car il ne faudrait plus se laisser surprendre pour aucune raison par une nouvelle déconvenue du temps qui nous est désormais précieux. Nous avons devant nous environ 85km de route de terre à cavaler en moto et un évènement supposé démarrer aux premières heures de la journée.

Ma rencontre avec Roger Eleba

Quelques temps d’anxiété causés par le téléphone de mon guide qui ne répondait pas à mes multiples appels, mais tout rentre finalement dans l’ordre quand je le vois poindre devant le Cadillac d’entrée de « Quartier latin » qui rappelle par son appellation un groupe musical du Congo dont les nôtres sont tout aussi originaires.

Roger Eleba, c’est le nom de mon jeune guide. Un jeun’homme apparemment anodin qui finira par m’impressionner le long de notre parcours. D’une serviabilité hors du commun, il me donnera l’impression de lire dans la pensée des gens. Car sans me demander et savoir ce que je recherche, on dirait qu’il est au parfum de tout et sait parfaitement ce que je peux souhaiter tant de lui que des autres. À peine décollons-nous qu’il s’arrête à un endroit grouillant de monde. « Mon grand, vous vous plaigniez tout à l’heure de n’avoir pas de boisson. Voici une boulangerie où vous pouvez vous en procurer, et en face il y a le marché, je vous conseille aussi de prendre un manteau pour la route« , dit-il. Face à un tel conseil qui arrivait à point nommé, je n’avais qu’à m’exécuter avant de reprendre la route. Nous allons nous arrêter à nouveau, le temps de carburer, avant de mettre finalement cap sur Campo. Nous cavalons aisément les 25km de bitume qui rallient la ville de Kribi au terminal portuaire de Elolabé (Ndorro). Là, on s’arrête encore, question de carburer cette fois nos ventres avec la spécialité de la côte : du poisson frais à la sauce du ndòò. Quelques prises de photos aussi, et nous remettons cap vers notre destination qui est encore bien loin.

Le garçon maitrise sa route et ses usagers que nous rencontrons au passage. Coups de Klaxon par-ci, ou salutations verbales par-là, le voyage commence progressivement par prendre des allures d’un vrai safari. Le soleil gagne de mieux en mieux le terrain et rend l’environnement assez bruyant. On finit enfin le goudron et entame la terre battue. Là, ma surprise est des plus grandes, moi qui m’attendais à vivre les images calamiteuses parcourues les veilles sur internet. Sous mes yeux impressionnés, la réalité est toute autre. 

On dirait nous roulons sur un tapis de grand chelem tel Roland Garros. Et mon conducteur en profite autant qu’il le peut. Nous passons rapidement des 60km sur goudron tout à l’heure à 70 – 90km. C’est fou, mais nous n’avons pas de choix, nous ne voulons rien rater de ce qui nous attend, encore que nous sommes conscients d’être partis assez tard de Kribi. Le conducteur ne me donne pas de raisons d’avoir la moindre crainte. Il maîtrise son truc, bien qu’en matière de conduite ce n’est jamais assez sage de rouler à tombeau ouvert, surtout lorsqu’il s’agit des routes du Cameroun.

 

À peine 25 autres kilomètres de route à bord du bendskin, Roger ralentit soudain, et me lance : « nous sommes à Ebodjé« . À première écoute je ne comprends pas le lien avant qu’il ne se montre plus clair : « je pensais que vous souhaiteriez aussi visiter le musée des tortues ! ». « Non, gagnons du temps nous pouvons manquer la cérémonie de devant« , réplique-je. « Ça ne nous prend pas du temps. C’est à moins d’un kilomètre et pour devant, rassurez-vous, ils vont commencer par la messe. Donc nous avons tout le temps pour ne rien manquer de ce qui vous intéresse« , conclut le garçon avant qu’on ne fasse le détour pour le musée de la tortue qui est le chez-lui tout aussi, puisque la maison familiale n’y est qu’à quelques pas.

Plage de Campo au Cameroun

Les portes du musée sont fermées, toutefois, nous pouvons nous contenter du bassin construit sur le large de la mer pour contenir les tortues qui y échouent. Il n’y en a qu’une seule ce jour même si le garçon essaie de me faire savoir qu’elles y sont souvent plusieurs et qu’on les libère quelques temps après pour qu’elles retournent à l’eau. Et à quelques mètres de là, dans l’eau, se voit aisément une motte de pierres, une petite grotte, dira-t-on, qu’on assimile ici à la tortue. C’est vrai qu’en l’observant pertinemment, on peut lire les formes d’une torture. C’est l’un des totems majeurs du coin en liaison avec un autre plus imposant qui se situe au lointain sur la même côte. Nous arrêtons qu’il pourra faire l’objet d’une prochaine visite. Pour l’instant, le temps urge, nous devons donc remettre cap sur l’itinéraire principal qui est campo. Il est encore à une cinquantaine de bornes de l’endroit en ligne droite. Bien loin encore après Mboandjo qui, me dit-on, est un village Beti. Ces continentaux qu’on redoute par-ci et qu’on considère d’envahisseurs.

Des minutes et bientôt une heure pleine, nous arrivons enfin devant une imposante barrière de contrôle de police. Non loin, celle de la gendarmerie. Nous n’avons aucun problème. Être accompagné de Roger et la garantie d’être en règle, donc pas besoin de contrôler qui que ce soit. « On attend notre part« , lui lance-t-on seulement en rappel des provisions de la fête. Toute la côte sait donc que c’est le jour de la grande fête annuelle des Iyasa. En cours de route, on a vu des femmes qui n’ayant les moyens de faire le déplacement se sont organisées sur place pour la célébration. Tout compte fait, nous sommes à Campo. Un rapide retour au bord de la mer où le soleil tombe déjà à flot me fera gagner en images. Mon pauvre 750D reflex est néanmoins prêt à ne rien lâcher. Tout est calibré en mode rafale pour éviter des regrets d’un mauvais cadrage par la suite. Le réglage de la luminosité est en mode automatique. D’après tout, ce n’est pas une séance de shooting mais un simple reportage au cœur de notre histoire africaine. Je prends néanmoins soin de choisir les meilleurs angles de vue possible car on n’y arrive pas tous les jours, et les détails peuvent autrement être importants pour étayer mes commentaires qui pourront venir après. Une deux, deux… dix, puis je ne sais plus combien, l’affaire est dans le sac, on peut gagner tranquillement le site des manifestations alors que nous avons dépassé midi depuis longtemps.

Sur le site, c’est toujours les assises de l’assemblée générale avant les festivités. Qu’est-ce que je vais y comprendre, moi qui ne suis pas Iyasa et qui ne comprends donc pas la langue ? Bof ! Quelques images pour immortaliser les assises et marquer ma présence, et nous voilà qui reprenons notre bécane pour le détour imposé par mon guide : la frontière.

On traverse toute la cité mouvementée et grouillante d’un beau monde paré aux jours de fête. Coups de Klaxon, salutations et slaloms au milieu de la foule bigarrée et nous nous retrouvons traversant une imposante barrière le long de la ruelle. Pas besoin d’explications. Je reconnais d’emblée les sigles de la marine nationale. Interdit de filmer les sites militaires, alors on n’a pas besoin de réduire la vitesse. Plutôt on fonce comme si on fuyait quelque chose. Et moins de deux minutes plus tard, on atterrit au beau milieu d’une maisonnée de planches du type ghetto, bien que plus propre et un peu plus ordonnée. Le conducteur gare devant une entrée encombrée par des kiosques et des étagères de commerce. Tout à côté, des bars et des échoppes. On dirait « Rue case nègres ». J’attends étourdissement les instructions de mon guide avant de comprendre que nous sommes à notre destination finale : la frontière Cameroun – Guinée Equatoriale. À l’intérieur d’une baraque des gens en tenue. Ici se mêlent celles de la police, de la gendarmerie ou encore des garde-côtes. Au lieu, de l’autre côté de la rivière quelques bâtisses sont nettement perceptibles. Mais j’avoue que j’ai encore besoin de me situer. Tellement rien ne ressemble de ce que j’avais jusque-là dans ma tête ! Tout est surprise pour le banal touriste que je suis.

Nous prenons soin de bien ranger notre moto sur l’accotement en y laissant nos bagages. Nous traversons aisément la guérite sans qu’on ne s’occupe de nous de quelques manières. 

Plutôt étonnant que dans mon Cameroun on traverse une horde d’hommes en tenue militaire sans qu’on ait à vous demander où allez-vous ou laisser quelques sous en guise de pourboire. Pourtant ils nous voient bien. 

Ils me détaillent même avec insistance sans quitter un instant leur position. D’ailleurs inutile de dire que je suis la grande curiosité avec tous ces garnements qui pendent sur moi. Mais personne ne daigne me poser la moindre question ni m’apostropher. À certains endroits, c’est à mon conducteur qu’on pose poliment quelques questions. « C’est un reporter », leur répondit-il en douce par moment pour ne pas éveiller ma curiosité.

Rien que quelques pas, nous sommes sur les rives du fleuve Ntem et devant moi s’étend le territoire équatorien-guinéen où vivent aussi plusieurs familles Iyasa qui feront prochainement l’objet de ma prochaine visite. En attendant, je suis attiré par le mouvement de transport sur les deux rives qui nous séparent. Le prix de la traversée par barque est de mille francs. Mais lorsque vous êtes nouveau et que nous ne connaissez pas, il est facile qu’on vous extorque deux milles et en cinq minutes ou presque, vous êtes à bon port.

Vivre tous ces instants est apaisant et beau qu’on ne veut plus en quitter lorsqu’on y arrive pour la première fois. Et je ne m’empêche pas de m’en délecter au point que c’est mon conducteur qui me rappelle que pourquoi je ne fais pas quelques interviews ? Alors je sors un peu de ma rêverie et lui dit : « oui, ça peut bien m’intéresser mais je pense m’organiser pour la prochaine fois. Pour l’instant je veux juste avoir mon itinéraire« , je lui réponds. M’a-t-il écouté ou compris ? Le garçon avant même de me laisser terminer était déjà sur les pas d’un sexagénaire qui contrôlait son activité. Il est lui-aussi tenancier d’une barque. Quelques mots entre les deux qui m’ont donné l’impression de bien se connaître, l’homme prend ma direction et me demande ce que je voulais savoir. Sans parlementer, nous nous accordons rapidement pour une interview séance-tenante. Ce sera ma première dans ce voyage des plus mémorables…

Iyasa Campo Cameroun

La confrérie initiatique des Mekuyè (Moukoukwe)

Patrice Ipouah, prince du canton Iyasa de campo, résidant attitré de la localité balnéaire et tenancier d’une des barques qui se charge d’assurer la liaison entre Campo et la Guinée équatoriale. C’est lui mon tout premier intervenant qui n’est d’ailleurs pas des moindres. L’homme maîtrise la langue de Molière avec une aisance qui surprend d’emblée ses interlocuteurs. Mais mieux que tout ce qui est susdit, il a la connaissance parfaite de sa culture et de sa tradition dont il se trouve être l’un des mandarins. Il est membre d’une des grandes loges confrériques des Ewodjé. Les légendaires « Mukuñyè » de la place qu’on retrouve tout aussi en Guinée Equatoriale comme le long de la côte ouest africaine, notre homme maîtrise parfaitement et c’est lui qui se charge de m’en parler. C’est ainsi qu’à la fin de notre échange je pourrai comprendre que le Ewodjé viennent directement du Congo RDC et qu’ils sont tout aussi représenté en Angola où ils ont un siège important ainsi d’ailleurs qu’au Botswana. Mieux que cela, nous apprendrons de lui que les Ewodjé en fait sont le grand groupe ethnique qui comprend les Iyasa mais tout aussi les Duala qui intriguent beaucoup notre intervenant en ce sens qu’il ne comprend pas d’où ils ont tiré cette autre origine que le Cameroun connait d’eux (les fils de Mbedi), voire pourquoi n’ont-ils pas gardé les mêmes rites que les autres clans de la grande famille ? Car pour Patrice, toutes les familles qui longent la côte et venant du Congo appartiennent toutes à la même tradition qui comporte des loges initiatiques et confrériques qui ont su garder leur originalité de part et d’autre depuis des millénaires de sorte qu’un membre d’une des loges des Iyasa peut se retrouver et être facilement reconnu grâce à son nom de code par toutes les autres loges de la côte atlantique. Citant son propre cas en exemple, il nous rapportera comment il lui est arrivé d’officier dans d’autres loges que la sienne.

Patrice Ipouah, comme mon chauffeur, est entrainant. On peut l’écouter à longueur de journées sans se lasser, surtout si l’on est passionné de l’histoire et de la culture. 

Pour ma part, en choisissant de le quitter sous pression pour rejoindre la grande cérémonie à la place des fêtes, c’est à contre-cœur et dans l’ignorance alors que notre rencontre augurait ce qui m’attendait à quelques lieux de lui, au centre même de Campo où la cérémonie de clôture de l’assemblée traditionnelle des Iyasa se tient depuis les premières heures de la journée. 

Il est quasiment 16 heures de l’après-midi, on ne sait toujours à quel moment précis se termineront les travaux de ladite. Les gens s’impatientent. En même temps, on observe des petits mouvements de la population vers la place des fêtes. Ce n’est pas la grande marée humaine, mais un nombre assez significatif de personnes pour comprendre qu’il se prépare quelque chose dans les coulisses bien qu’on ait dit à tout le monde que ce n’est pas la grande parade traditionnelle et culturelle cette année, mais juste une occasion symbolique pour préparer juillet 2023.

Les derniers rayons du soleil prennent déjà position au-dessus de la mer qui s’étale au pied de la ville qui sert de balustrade naturelle. Ici on ne risque pas de Tsunami. La ville est naturellement surélevée. En tout cas, ce sont dans le premiers cas des instants d’une beauté de la nature qu’aucune reporter ou photographe ne peut ignorer. Je me retourne donc vers mon chauffeur qui me comprend presque de facto. Nous sautons sur notre bécane et amorçons la descente qui nous sépare de l’atlantique où se jette le Ntem, de son nom d’origine selon Patrice tout à l’heure, Etembò. Quelques clichés par-ci par-là, et ça y’est : la mer, les flots, les lustres ou encore je ne sais quels autres détails des lieux, tout est dans mon Canon. Je le sais parce qu’avant de ranger l’appareil, je me suis assuré de la qualité des images prises. Nous pouvons donc remonter la pente pour voir ce que nous réservent les instants d’après avant de remettre Cap sur Kribi.

En nous rangeant à nouveau à un coin de la place des fêtes, je suis attiré par un regroupement des participants aux assises de l’assemblée devant l’entrée de la salle. Je comprends que tout y est terminé et que c’était la photo de famille. Je cours participer à cette séance imprévue que je compte non seulement garder dans nos annales, mais que je pourrai aussi offrir en cadeau à mes hôtes. Quelques clics et avant de conclure, sur ma droite je suis attiré par un curieux mouvement de foule. En bon paparazzi qui attend un événement particulier, j’abandonne ma séance non sans l’avoir bouclée, et cours au lieu indiqué. À quelques mètres de moi, une hutte de pailles sèches. La suite ne me laisse pas assez de temps de la détailler de fond en comble pour comprendre la symbolique de son existence. Un autre événement attire mon regard : les femmes et les enfants qui s’écartent presque aux pas de course comme s’ils redoutaient la vue de quelque chose d’anormal. Je suis simplement leurs multiples regards médusés et… je tombe à pic sur le phénomène tant attendu qui m’a coûté tout ce voyage : le Mukuyè. Une sorte de scaphandrier en pailles. On dirait justement un astronaute qui sort de la lune. C’est tout simplement phénoménal et beau. Quant aux explications, mes notes m’en donneront suffisamment pour comprendre qu’il s’agit là du génie de l’eau, gardien de la traditiondes Ewodjé auxquels appartiennent les Iyasa. Un, deux, puis trois de ces scaphandriers sortiront par un ordre bien déterminé pour festoyer avec la populace dans une extase totale. L’animation et les chants sont montés de plusieurs crans. La communion et l’ambiance sont à leur comble. Tous, on s’en régale avec grande joie croisant les doigts que Juillet 2023 viennent rapidement pour la grande fête.

 

Les festivités autour des visiteurs d’outre-monde vont se poursuivre tard dans la soirée. Pendant ce temps, mon équipier et moi avant une centaine de kilomètres à rattraper pour nous retrouver à bon port. Nous ne pouvons pas continuer à vivre la suite. Nous reprenons notre bécane et la route qui nous ramène à Kribi sans crier gare ni au revoir. Nous déboulons plus vite encore qu’à l’aller. Le compteur oscille entre 70 et 90km. La moto est bonne, et le conducteur aussi. Je n’ai donc pas à me faire de gros soucis. Les premières lueurs de la nuit auxquelles se mêlent de temps à autres celles des reflets de la mer nous accompagnent et nous bercent. La côte est simplement sublime sous ce beau temps.

 

Félix Atemengue, Reporter Savoir-Faire Ekang

Reportage Festival Iyasa 2022

Partager sur les réseaux sociaux

Articles de la même catégorie

Publicité

Articles les plus lus