Jeudi dernier a marqué un moment fort pour le cinéma africain avec la diffusion tant attendue du premier épisode de la saison 2 de la série gabonaise EKI, produite par l’incroyable Nelly Obono Adzaba, native de la province du Woleu-Ntem dans le Nord du Gabon et récipiendaire du SOTIGUI AWARDS 2022 dans la catégorie « Meilleur espoir africain série TV ». Cette distinction annonçait déjà l’émergence d’une actrice puissante sur la scène africaine.
Le titre EKI, qui se traduit par « Interdit » en Fang, est l’incarnation de l’héritage culturel et linguistique de son auteure. Nelly Obono, qui n’a appris le français qu’en classe de CP1, manie aujourd’hui la langue de Molière avec une aisance remarquable dans cette œuvre. Sa société de production, OSSO TV (OSSO, signifiant « aller de l’avant » en Fang), incarne son attachement à sa culture et son désir de promouvoir des récits authentiques.
Dès les premières minutes de l’épisode que nous avons dévoré, la qualité du jeu des acteurs nous a captivés : naturel, fluide et professionnel, sans jamais tomber dans le surjeu. Le choix des acteurs et le scénario nous ont également ravis. Cette production se distingue comme l’une des meilleures du continent, offrant une atmosphère de sérénité, de maîtrise, et un lien profond avec les cultures gabonaises, notamment à travers des références au Bwiti.
Qui est EKI NYONDA ?
Évoquons le personnage central de la série, EKI NYONDA, brillamment interprété par Nelly Obono elle-même. Juge spécialisée dans les affaires familiales, elle voit son univers s’effondrer lorsque son père, haut magistrat, est accusé de viol et de meurtre sur une fillette, un récit marquant de la saison 1 dans laquelle a joué le célèbre acteur africain Serge Abessolo. Cette relation complexe avec sa mère, jalousant l’amour inconditionnel qu’Eki porte à son père, préfigure les tensions à venir. Dans cette saison 2, Eki revient déterminée à élucider le scandale qui a bouleversé sa vie.
EKI NYONDA, symbole de la beauté africaine avec ses cheveux naturels et sa peau saine sans produit décapant, reflète les valeurs que Nelly Obono défend : réappropriation des codes de beauté africains et droits des femmes. Elle incarne un personnage qui, loin d’exploiter son pouvoir de juge, prône la conciliation et véhicule des messages forts.
Lors de notre interview il y a deux ans, Nelly Obono s’exprimait : « Pour moi, le cinéma africain prend de l’ampleur. EKI est la douzième création originale de Canal+. Nous avons un univers en plein essor, renforcé par le digital, qui rend accessible notre cinéma. C’est une pépite en cours de polissage et, tôt ou tard, elle brillera au firmament. »
La saison 1, composée de 10 épisodes riches en rebondissements, avait suscité des attentes élevées. Les blogueurs ont multiplié les vidéos d’analyse, spéculant sur les développements de cette nouvelle saison. Depuis la diffusion du premier épisode, la blogosphère s’enflamme, avec des commentaires enthousiastes provenant de la RDC, du Gabon et de la Côte d’Ivoire.
Nous avons attribué la note de 10/10 à ce premier épisode, célébrant le travail de Nelly Obono et l’impact qu’elle a sur la scène cinématographique africaine. Grâce à EKI, nous rêvons d’un cinéma qui nous ressemble, véhicule nos messages et honore notre culture.
Ne manquez pas cet incontournable épisode, accessible sur YouTube via le lien ci-dessous.
Plongez dans cet univers poignant qui résonne avec notre identité africaine.
Félix Atemengue, rédacteur Savoir-Faire Ekang, Yaoundé.
[Regarder l’épisode 1 gratuitement ici !]
